Des poils de fesses de Philippe le Bon retrouvés dans le palais des Ducs à Dijon

Article publié le 1 avril 2017

WESH calmez-vous svp, regardez la date de publication: tout ce qu’on a retrouvé c’est un gros poisson! (précision semblant nécessaire, suite à une recrudescence de visites sur cet article ces derniers temps, si quelqu’un peut nous envoyer le lien vers la publication – sur Linkedin? – qui a provoqué cet engouement dans les commentaires, bah ce serait sympa. Merci encore à M. Mouillebouche, qui existe vraiment, qui est beaucoup plus sérieux que ce que l’on laisse paraître, et qui a joué le jeu!) 

L’ADN a parlé : les fragments capillaires retrouvés par un chercheur de l’université de Bourgogne, coincés dans la lunette des latrines médiévales, sont d’authentiques « poils rectaux ou pubiens » ayant appartenu au fondateur de l’ordre des chevaliers de la Toison d’Or. Recouverts de curieuses coques de lentes, ils démontreraient entre autres que l’expression « péter dans la soie » est née à Dijon. 

Hervé Mouillebouche montre l'endroit de sa découverte, dans les latrines du 5e étage de la tour Philippe le Bon. © BC - Jondi

Hervé Mouillebouche montre l’endroit de sa découverte, dans les latrines du 5e étage de la tour Philippe-le-Bon. © BC – Jondi

Ils étaient là depuis le Moyen-Âge. Et ce n’est qu’en février 2017 qu’Hervé Mouillebouche les a découverts. Maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Bourgogne, ce spécialiste de l’archéologie étudie depuis des années le palais des Ducs, à Dijon, de fond en combles. Après avoir notamment retrouvé l’escalier primitif du logis, enfoui sous les dalles de la cour de Bar, il s’est intéressé de près aux quatre latrines, construites l’une au-dessus de l’autre entre 1450 et 1456 lors de l’élévation de la tour Philippe-le-Bon. Et si les fouilles de la fosse – « encore humide » – n’ont rien montré de concluant, une petite touffe de poils est apparue « conservée car insérée profondément entre les fibres de la lunette de bois du cinquième étage ». « Les conduits d’évacuation ont été rebouchés au XIXe siècle. J’ai entrepris de creuser dans le béton, lorsqu’ont commencé à apparaître, sous la planche, des clous encore entourés de fibres de tissus. Et puis j’ai vu ces poils, coincés dans une fissure. Les latrines n’étant plus en usage depuis des temps immémoriaux, ça m’a tout de suite intrigué. »

Les analyses ont montré la présence de lentes, expliquant probablement les conditions d'hygiène exceptionnelles auxquelles devait se soumettre le duc. Photo DR

Les analyses ont montré la présence de coques de lentes, expliquant probablement les conditions d’hygiène exceptionnelles auxquelles devait se soumettre le duc. Photo © CEEB

Bingo! Une première datation au carbone 14 montre qu’ils sont bien « d’époque », à savoir du XVe siècle. Leur état de conservation exceptionnel est dû notamment à l’altitude (32 m au-dessus du sol) et à la situation nord-ouest des cabinets, qui maintiennent une atmosphère saine avec peu de variation de température. Il permet des analyses plus poussées. Les poils sont envoyés au Centre européen d’études bourguignonnes (CEEB, à Neuchâtel en Belgique), qui, après comparaison avec d’autres échantillons prélevés sur les dépouilles des différents ducs et duchesses, est catégorique : l’ADN est identique « à 100 % » à celui de Philippe le Bon. « Un confrère m’a appelé pour m’annoncer la nouvelle, j’étais sur le cul, si je puis dire », rigole le chercheur. Car il s’agit bien là, non pas de cheveux, mais de « poils rectaux ou pubiens ». « L’analyse a d’ailleurs mis en évidence que les poils ducaux conservaient des traces d’une importante faune parasitaire de type phtirius inguinalis, attestée par la présence de coques de lentes. Ce qui montre que la fréquentation régulière de ses étuves privées de Dijon n’arrivait pas à débarrasser le grand duc d’occident de ces fâcheux arthropodes. »

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Depuis sa construction, la tour prévoit quatre conduits d’évacuation de latrines. C’est dans celles du cinquième étage que les poils ont été découverts. Illustration © Hervé Mouillebouche

Les morceaux de tissus sont des fibres de soie, une découverte qui n’est pas anodine : elle confirme les écrits du chroniqueur bourguignon Olivier de La Marche qui dans son « Estat de la maison du duc de Bourgogne » en 1474, parle d’une pièce dans laquelle seul Philippe le Bon était autorisé à rentrer pour y faire ses besoins sur un siège « recouvert de soye ». Les gardes restés devant la porte entendaient les flatulences, souvent impressionnantes après les festins. De là est née l’expression « péter dans la soie » (« pétauder en la soye »), qui signifie à l’origine « mener un train de vie comparable à celui du Duc de Bourgogne ». Des petits poils pour l’homme, de grands poils pour le duché.

Publié par Jondi

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2 commentaires

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  1. Laurent

    S’agirait pas plutôt de poils de poisson venant de l’Ouche et ayant remonté les tuyaux jusqu’aux latrines…. LOL

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