Les Tchèques scolaires, la voie de la réussite

Article publié le 6 mai 2016

A 15 ans ils ont quitté leur pays natal pour venir passer le bac à Dijon, et visent clairement la mention. Jan, Pavel et Ondrej sont, parmi d’autres, les héritiers d’une tradition qui remonte à 1920: la section tchèque au lycée Carnot.

Jan, Pavel et Ondrej, trois lycéens tchèques au lycée Carnot. Photo © BC - Jondi

Jan, Pavel et Ondrej, trois lycéens tchèques au lycée Carnot. Photo © BC – Jondi

« Une vraie opportunité: cela fait presque un siècle que cet échange existe », s’enthousiasment les jeunes. Créée à la fin de la Première Guerre mondiale, en 1920, par Edouard Benes, docteur en droit de l’Université de Dijon et futur président de la République tchécoslovaque, la section tchèque du lycée Carnot a traversé le XXe siècle. Actifs « de 1920 à 1938, en 1946 et 1947, puis de 1966 à 1970 », les liens tombent en sommeil, « le régime communiste ayant alors décidé d’en finir avec cette tradition », écrit Andrea Cepova-Fourtoy, auteur de La Bourgogne, la région la plus tchèque de France. Mais la « Révolution de velours » passe par là, en 1989, et dès janvier 1990, les échanges sont réactivés. En 1999, le président Vaclav Havel fait même le déplacement à Dijon pour y rencontrer ses compatriotes.

Aujourd’hui, 18 lycéens (6 par niveau, de la seconde à la terminale) continuent de vivre l’aventure. Sélectionnés sur concours national, évaluant notamment leur aptitude à la langue française, ils sont destinés à devenir l’élite de leur pays. Mais s’adapter, quand on a 15 ans, reste une barrière, comme le confirme Emmanuelle Guillon, conseillère principale d’éducation: « La première année est souvent difficile. Surtout qu’ils ne rentrent dans leur pays que pour les vacances scolaires. Mais les années suivantes, ils prennent de l’assurance et on les voit de plus en plus demander des autorisations de sortie. »

Cependant l’éloignement de la famille n’est (visiblement) pas ce qui marque le plus les lycéens. Jan, Pavel et Ondrej sont en troisième année, et du haut de leurs 18 ans, ils analysent avec un recul aussi étonnant que leur niveau de français: « On a eu un peu de mal à s’habituer au système éducatif. Ici c’est beaucoup de par cœur, tout est cartésien. En République tchèque, on a moins de bureaucratie. Le proviseur chez nous est un monarque absolu. » Et puis il y a la question de savoir s’il est bon ou non de se spécialiser trop tôt. Ce qui immédiatement donne lieu à un débat – « je suis plutôt pour » – « moi, plutôt contre ». Ces jeunes ne sont pas de futurs décideurs pour rien.

La vie en internat, « ici c’est le paradis quand on voit comment ça se passe ailleurs. On a le droit de sortir le vendredi jusqu’à 22h-23h, et on peut aussi demander l’autorisation en semaine – en général, on nous l’accorde ». Mais ce qu’ils préfèrent, ce sont les week-ends en famille d’accueil: « C’est l’expérience la plus enrichissante. On apprend beaucoup de choses en parlant avec eux, puis ça nous permet de découvrir différents milieux dans la société française. »

Une tête bien faite, une curiosité à toute épreuve, et déjà une expérience hors du commun: on n’est pas inquiets pour leur bac!

Publié par Bertrand Carlier

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