« Que les fleurs poussent sur le goudron! »

Intrigué.e.s par ces mosaïques qui fleurissent depuis le début de l’été les trottoirs de Dijon? Ces œuvres sont signées Fanny Pitoiset (ici pour la suivre sur Insta), qui nous explique sa démarche. Merci Fanny pour ce joli texte, et surtout pour ces quelques fleurs.

« Depuis de nombreuses années je fais de la mosaïque, le plus souvent pour offrir et faire plaisir à mes proches. C’est une passion familiale. Dijonnaise depuis toujours, j’aime ma ville et je ne me verrais pas vivre ailleurs. Je la décris souvent comme une jolie cité historique à taille humaine, suffisamment grande pour toujours rencontrer de nouvelles personnes et suffisamment petite pour croiser des amis en se promenant, ne jamais se sentir seule. J’apprécie tout particulièrement les quartiers Jeannin, Berbisey et Rousseau qui sont de véritables villages dans la ville. Il y a une belle vitalité culturelle et chaque semaine en regardant Jondi il est dur de devoir faire des choix ! [Ndlr: merci pour la dédicace!]

La nature est à deux pas, mais malheureusement trop rare en ville. J’ai donc voulu décorer le béton de Dijon, en commençant par fleurir les nids de poule des trottoirs des lieux où j’aime flâner. Chacun émet ses propres « vibrations » selon son histoire ou mes souvenirs. Par exemple, la place Émile Zola anciennement du Morimont, lieu des exécutions publiques autrefois, m’a inspirée la petite fleur du condamné et sa petite tête de mort. Je vous invite d’ailleurs à lire le merveilleux article de Jondi au sujet de cette place ! [Ndlr: merci pour la dédicace bis!]

Rue Auguste-Comte, j’ai réalisé une petite fleur orientale en souvenir des moments magiques passés dans le magasin de mes parents : Chamane. Je me suis aussi replongée dans la lecture de Gaspard de la Nuit d’Aloysius Bertrand, célèbre poète dijonnais qui dépeint à merveille ses errances dans notre sublime « ville aux cent clochers ».

Je n’ai pas vraiment de démarche artistique particulière, ni réfléchi à un nom d’artiste. Cela m’a pris subitement, revenant d’une énième excursion à la décharge d’émaux de Briare avec plein de céramiques de couleurs gratuites à disposition. J’ai vu que d’autres personnes réalisaient des mosaïques sur trottoir ou mur à travers la France et le monde, dont le célèbre artiste lyonnais Ememem inventeur du terme « flacking ». Cela m’enthousiasme, tout comme j’ai vu apparaître des mosaïques Lego de M’Brick, vers le nom des rues dijonnaises, des dessins à la craie sur le sol, des graffs d’RNST…

Pour ma part, j’agis de jour seule, ou accompagnée de ma fille, mon amoureux, des amis pour partager des moments conviviaux pendant les étapes de séchage. Je bénéficie souvent de la solidarité des commerçants pour m’apporter de l’eau quand il m’en manque ou m’offrir une bière. J’adore échanger avec les passants et voir les yeux des enfants s’illuminer.

Je souhaite m’inscrire dans la démarche d’initiatives locales comme Le Mur, l’association De Bas Étages (qui réalise notamment des fresques, peint les pavés dijonnais en couleur…), les associations de quartiers… Tous ceux qui œuvrent pour réenchanter notre quotidien. J’espère apporter mon humble petite pierre à ce vaste édifice et amener un peu de couleur et fantaisie dans le cœur des Dijonnais. »

Publié par Jondi