La fontaine de Jeunesse doit-elle rester place Darcy?
Article publié le 1 août 2016
La fontaine Jeunesse de Max Blondat, place Darcy à Dijon. © BC – Jondi
Le sachiez-tu? La fontaine aux grenouilles, ou fontaine de Jeunesse, place Darcy à Dijon, a été imaginée sur les bords de l’Yonne en 1904. Elle est l’œuvre du sculpteur Max Blondat, né à Crain (89) en 1872.
« Né sur les bords de l’Yonne, disait-il, j’éprouve toujours pour l’eau mouvante et vivante un irrésistible attrait. Un jour, j’aperçus, assis sur une berge dominant ma rivière préférée, trois enfants cramponnés les uns aux autres et penchés en avant pour regarder un objet flottant en contre-bas. Le groupe était charmant, j’y vis un sujet de fontaine. Empoigné par mon idée, je saute dans le premier train en partance pour Paris, je gagne en hâte mon atelier et me mets à broyer fiévreusement la glaise. Jamais aucune œuvre depuis ne m’est venue plus facilement, plus joyeusement. »
La fontaine aux grenouilles à Düsseldorf. © Wikimedia Commons
L’historien Eugène Fyot, qui rapporte ces propos(1), raconte comment la sculpture a gagné une renommée internationale. « Le succès de Jeunesse fut grand au salon des Artistes français en 1904, et lorsque le marbre parut au salon de 1907, une délégation de la ville de Dusseldorf en commanda une réplique en marbre qui fut placée, sur l’indication de l’artiste, dans un jardin public de la ville. C’est que le marbre original avait été vendu à un Argentin de Buenos-Aires. La ville de Zurich demanda un moulage en bronze; et Dijon décida en 1907 l’acquisition d’un second moulage en bronze dont l’effet paraît certainement moins heureux en l’occurence que le marbre blanc. On n’en admire pas moins ces bambins souriants aux petits corps si bien modelés, enlacés dans un mouvement naturel de curiosité craintive à l’aspect des batraciens qui leur semblent des petits monstres tant soit peu grotesques. »
Plusieurs versions existent encore, à Denver (Etats-Unis), à Nacozari de García (Mexique)… A Odessa, en Ukraine, il s’agit d’une variante, avec une seule grenouille. Finalement la fontaine de la place Darcy n’est pas la mieux lotie: « L’intimité lui convenait, on lui donna l’espace entre des monuments qui l’écrasent. C’était le désespoir de son auteur qui rêvait d’un déplacement contre un talus du square Darcy. » Chiche?
(1) Eugène Fyot, Dijon, son passé évoqué par ses rues, librairie Damidot, Dijon, 1927.
Réagissez à cet article
Je découvre avec beaucoup de bonheur cet ode à la jeunesse à la complicité et à la joie de vivre ensemble qu’est cette superbe petite fontaine.
Elle me rappelle bien sûr les bons temps de ma jeunesse et celle de mes proches…
De passage à Dijon, j’ai donc voulu en garder un souvenir en la photographiant … »Que nenni !… », hier dimanche AM puisque les étalages du marché non seulement gênaient sa vue d’ensemble mais également l’utilisaient peu ou prou pour faire tenir les cordages des tentures ….(Quel respect …)
C’est donc plus tard que revenant sur place j’ai essayé puis renoncé à trouver une orientation qui permette de voir les gamines et leurs beaux sourires, les grenouilles et leur « tronches de nénuphars » en évitant les immeubles de l’arrière plan …
Je suis donc allé sur le Net où j’ai constaté que Dusseldorf avait réussi à faire ce que Dijon n’avait pas fait …c’est à dire … à bien mettre en scène cette petite merveille en la plaçant devant un fond de verdure ce qui non seulement la valorise mais en plus permet des prises de vue de qualite que celle de Dijon je permet pas…..Dommage !!!!
Et donc ma réponse à la question initiale est ,:
OUI OUI IL FAUT DÉPLACER CETTE PEPITE DANS L’ENDROIT QU’ELLE MERITE ( et qui… la merite aussi !!!)
Un arbre pleureur (orme ou frêne, ce me semble) couvrait cette œuvre, il avait été promis de le replanter après son déplacement pour cause de travaux. C’était plus bucolique. J’attends !